La SPA monte la garde
L'époque où les amis des animaux se contentaient de chouchouter toutous et minous sans foyer est révolue. A la SPA de Strasbourg salariés et bénévoles mènent aussi des combats sans merci contre les maîtres cruels et les animaleries à problèmes. Si vous ne voyez en la SPA de Strasbourg qu'un refuge hébergeant quelques dizaines de chiens et chats perdus sans collier, sachez que vous êtes loin, très loin du compte. L'accueil des animaux trouvés, abandonnés ou victimes de mauvais traitements demeure bien entendu au cœur de son action quotidienne. Mais il n'est pas seulement question de subir les événements pour cette association centenaire, forte d'un peu plus de 2000 membres et d'un budget de fonctionnement ayant dépassé l'année dernières les 4 millions de francs. C'est ainsi que, par exemple, la SPA de Strasbourg réagit dès qu'elle suspecte une affaire de maltraitance. Les informations lui remontent grâce à sa centaine de membres enquêteurs qui quadrillent le terrain. Sur les huit derniers mois, ils ont signalé 451 situations douteuses, dont une petite centaine seulement ont été jugées sans fondement. Daniel Keller, vice-président, entre dans le détail : " sur ces 451 plaintes, dont 78 restent à examiner, 220 ont été réglées à l'amiable, 28 ont donné lieu à des retraits d'animaux, et 35 m'ont amené à déposer plainte au tribunal de grande instance. " La SPA n'hésite pas à poursuivre jusqu'au prétoire les auteurs de maltraitances, et met tout en œuvre pour que justice soit rendue. Ainsi Me Carine Bloch-Levy, avocate au barreau de Strasbourg et amie des animaux entre-t-elle en scène dès que le parquet donne suite à une plainte.
LAPIN DEFENESTRE : DEUX MOIS DE SURSIS
- Les affaires atterrissent le plus souvent devant le tribunal de police, parfois devant le tribunal correctionnel. " La qualification dépend souvent de la sensibilité du procureur, commente Me Bloch-Levy. Les mauvais traitements sont passibles de contraventions de 3e, 4e ou 5e classe. Dans ce cas, c'est le tribunal de police qui statue. Les contraventions de 3e classe s'appliquent en cas d'atteinte involontaire à la vie ou à l'intégralité d'un animal. Celles de 4e classe en cas de mauvais traitement volontaire ; et celles de 5e classe en cas de mauvais traitements volontaires ayant entraîné la mort de l'animal. Quant au délit, qui envoie son auteur devant le tribunal correctionnel, il est reconnu en cas de sévices graves ou actes de cruauté envers un animal. On s'aperçoit que la frontière est floue entre les contraventions de 4e et 5e classe et les délits. " Les bourreaux d'animaux laissent souvent quelques milliers de francs dans les procédures, entre amendes, dommages-intérêts et frais d'avocats de la partie civile. " Pour un homme ayant tué son lapin domestiques en le jetant par la fenêtre dans un coup de colère, nous avons même obtenu deux mois de prison avec sursis, rapporte l'avocate, qui souligne que sans la SPA, les mauvais traitements resteraient impunis. "
DES CHIOTS MIGNONS COMME TOUT…
- Autre cheval de bataille de la SPA de Strasbourg : les animaleries. Vous savez, ces magasins d'animaux où les chiots si mignons comme tout attendrissent le chaland au point de provoquer l'achat " coup de cœur " . Sur le bureau de Simone Sigaud , responsable du refuge de la route du Rhin, le dossier " animaleries " est plus épais que le bottin. Et dans toutes les plaintes empilées, la même rengaine : l'animal est malade… Les chiots vendus en vitrines ont, pour la plupart, un point commun : leur origines incertaines. Nombreux sont ceux à sortir des élevages intensifs que l'on trouve en Slovaquie, en Hongrie, en Yougoslavie, voire en Tchétchénie. " Il s'agit le plus souvent de grandes fermes qui font de la production intensive sans se préoccuper de la santé ni des origines des reproducteurs. En croisant n'importe comment des chiens dont on sait qu'ils peuvent devenir agressif, comme les rottweilers, on va finir par faire des fauves ", expliquait récemment dans les colonnes des DNA Marc Simon, de la brigade nationale d'enquêteur vétérinaires et sanitaires du ministère de l'Agriculture.
ECHANGE STANDARD
- A tout le moins, on inonde le marché de chiots plus ou moins tarés, souffrant souvent de maladies congénitales. Séparés trop tôt de leur mère pour être entassés dans des camionnettes en partance pour l'Europe de l'ouest, ils arrivent très affaiblis chez les importateurs qui écoulent sur le marché français par le biais des animaleries. " Lorsque les acheteurs, qui ont déjà eu le temps de s'y attacher, viennent se plaindre de la mauvaise santé de l'animal acquis, les animaleries proposent généralement l'échange standard. Ce n'est pas satisfaisant. En outre, il serait intéressant de savoir ce que deviennent les chiots échangés ", interroge innocemment Simone Sigaud. Officiellement, ils sont renvoyés à l'éleveur. Ou plus probablement à l'importateur, chez qui ils ne font sûrement, pas de vieux os (euthanasies sommaires ?). Le même sort serait parfois réservé à des chiots en bonne santé, mais toujours invendus passé l'âge de quatre mois.
LES ANIMALERIES SUR LE DECLIN ?
- L'image de marques des animaleries n'a cesse de se dégrader dans l'opinion, au détriment de celles qui ne défraient jamais la chronique et vendent des chiots sains, de bonne origines. A Strasbourg, deux animaleries ont fermé l'an passé, et une troisième, qui collectionnait les litiges, à décidé de ne plus vendre de chiots. Il en reste une demi-douzaine en activité dans la CUS. De son côté, Hugues Lentz, président de la SPA de Strasbourg, tient à délivrer ce conseil aux personnes désireuses d'acheter un chien de race : " Il est important de rencontrer l'éleveur, de voir les parents du chiots, et de consulter leurs origines, ce qui peut se faire auprès de la société centrale canine( téléphone : 01.49.37.54.00). Bien entendu, le chiot doit être tatoué, vacciné, et présenter un certificat de bonne santé. " L'on trouve également des compagnons très attachants, à des prix défiant toute concurrence, dans les refuges de la SPA. L'an passé, celui de Strasbourg à replacé 660 chiens trouvés ou abandonnés.
D'après H.H dans les DNA, le mardi 22 mai 2001
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